Notes de l'auteur Sopdetmouti Cet article fut initialement rédigé, il y a un peu plus de 10 ans maintenant pour mon site personnel dédié à Hathor, Ta Set Sekhemty. J'ai décidé de le publier à nouveau ici car à ma connaissance personne n'a écrit au sujet de cette communauté dans l'univers francophone depuis. Un type de communauté difficilement imaginable en FranceEn France, une communauté religieuse comme l'orthodoxie khémite de Tamara Siuda serait sûrement mal vu ou mal interprétée, critiquée. Le contexte américain fait qu'elle a pu y élaborer un projet de reconstructionnisme très poussée, jusqu'à endosser le rôle d'un pharaon des temps modernes et rétablir une hiérarchie sacerdotale, un culte vivant et adapté à la vie moderne reprenant les anciennes pratiques. Ici, en France, nous ne sommes pas habitué à voir s'afficher au grand jour les communautés païennes, qui sont tant l'objet de méfiance légitime ou non. Mais, une fois qu'on apprend à connaître Tamara et ce groupe, on découvre une communauté sympathique, accueillante et respectant le libre-arbitre.Le groupe a d'ailleurs fait l'objet d'une étude très sérieuse de la part de deux sociologues universitaires, Marilyn C. Krogh et Brooke Ashley Pillifant (Loyola University Chicago). Leur étude fut publié au sein de l'ouvrage "Finding faith on the Internet", un ouvrage collectif de chercheurs universitaires. L'objet de cet article n'est pas d'en faire la promotion. Il s'agit de présenter ce groupe afin de dissiper d'éventuelles idées reçues à son sujet. Ayant été élève des cours débutant (beginners classes) et ayant suivi le rite de "Parent Divination", j'ai pu découvrir de l'intérieur et échanger avec les membres au sein même de la communauté, tout en conservant ma liberté, ma participation à d 'autres projets et mes autres centres d'intérêts spirituels. Je n'ai reçu aucun témoignage de membres ayant été forcé à faire ou à penser, quoi que se soit dans le groupe contre sa volonté. De son propre aveu, Tamara répète souvent quand elle répond à des interrogations de ses membres au quotidien sur le forum, qu'ils restent libres au final de faire le Rituel de Parent divination ou pas, de continuer à demeurer dans la communauté ou pas, ou d'en rester là si cela ne leur convient pas après les cours débutants. Il n'y a pas de pression, de droits particuliers donnés parce que vous avez acquis un titre, au contraire les documents de fin de classe insiste que tout le monde est traité et doit être traité avec un respect égal dans le groupe, qu'il soit membre ou pas. Qu'est ce que l'orthodoxie khémite ?
Quelques mots sur sa fondatrice... Tamara Legan Sidua est la fondatrice de cette forme de reconstructionisme, ainsi que la dirigeante actuelle sous le terme de Nisut (titre désignant le pharaon autrefois) et le nom de règne de Sekhenet-Ma'at-Ra setep-en-Ra Hekatawy I. Celle-ci est basée sur les principes suivants : un culte défini comme monolâtre, un culte voué aux ancêtres (Akhou) et la dévotion personnelle. C'est une religion rituelle et non révélée. C'est-à-dire que les croyants communiquent/expérimentent directement le divin par leurs actes quotidiens et les rituels. Contrairement à une religion révélée où la connaissance de dieu est donnée par le biais d'écritures, textes sacrées auxquels les croyants doivent se conformer. L'orthodoxie khémite honore le Netjer et ses différentes formes (« the names of netjer » c'est-à-dire les noms du netjer), et s'efforce de pratiquer la Maât. Le netjer est un mot d'égyptien ancien, qui désigne le divin. Tamara Legan Siuda est également égyptologue de formation et possède plusieurs diplômes universitaires dans ce domaine :
Interdiction du prosélytisme Le groupe ne pratique pas le prosélytisme. Sa fondatrice est claire à ce sujet et décourage toute action allant dans ce sens. Elle estime que le netjer appelle les personnes à les rejoindre lorsqu'elles sont prêtes pour cela. Le Netjer et les noms du Netjer : l'un et le multiple Netjer est le mot désignant le divin en langue khémite. Au sein de l'othodoxie khémite, il désigne l'être suprême ou le divin dans un sens global, que les membres de l'orthodoxie honorent. Le Netjer est le divin, asexué et qui se manifeste sous différentes formes pour communiquer avec les khémites orthodoxes, qui sont appelés « the names of netjer » ou les noms du netjer. Ces noms sont les différentes divinités ou les netjerou connus du panthéon égyptien (Aset, Wesir, Anpu, Djehouty, Herou, Hethert, Bast.etc). Certains noms du netjer sont des syncrétismes. C'est-à-dire le résultat de la fusion de deux divinités pour en former une nouvelle, par exemple Amon-Ra ou Ptah-Sokar. La divinité syncrétique possède les caractéristiques des divinités dont elle est issue, tout en étant une entité à part. Elle est un peu de l'une et de l'autre, tout en étant elle-même. Cette pratique, qui consiste à croire que le principe divin suprême se manifeste sous plusieurs formes, est appelée monolâtrie par les khémites orthodoxes. La notion de netjer parent L'orthodoxie khémite croit que chaque individu a un lien particulier avec un ou deux noms du Netjer en particulier. Il s'agit de son netjer parent (ou patron). La personne a généralement un netjer parent, parfois deux, mais pas plus. Selon l'orthodoxie khémite le netjer parent accompagne la personne toute sa vie et ce depuis sa naissance. Le lignage ou la parenté divine est déterminé lors d'un rite de passage comprenant une divination, exécuté par le Nisut, lors du « Ritual of Parent divination » ou rituel de divination du netjer parent. La personne à l'issu du rituel accepte ou refuse le résultat de la divination. Il n'y a pas d'obligation à se conformer à celui-ci ou devenir shemsu à l'issu de ce rituel. Beaucoup devinent avant le rituel, avaient déjà des liens ou attirances avec leur netjer parent, d'autres non. L'orthodoxie avance le fait que c'est le netjer parent qui choisit ou désigne son « enfant » et non l'inverse. Le rituel désigne également une autre catégorie de netjerou accompagnant la personne, nommés « Beloved », qu'on peut traduire par « Aimés » (qui vous aiment) . Ils ont un peu comme un rôle d'oncles et tantes, si on considère le netjer parent comme un père ou une mère. Ils accompagnent la personne en second plan du netjer parent. Ils s'occupent aussi de la personne, l'influencent et l'aident, mais pas de la même façon que le netjer parent. Ils ne l'accompagnent pas nécessairement toute sa vie d'ailleurs. Leurs nombres varient grandement d'une personne. Certains ont un seul « Beloved », d'autres 4 ou 5, et ils peuvent se manifester ou être acquis aprés le rituel de parent divination. Leur nombre n'est donc pas fixe ou établie une fois pour toute par le rituel. Le lignage d'une personne s'écrit selon le chemin suivant : « X est fille/fils de .. aimé de.. ». Ce qui se traduit en khémite par « X Sat (fille) ou Sa(fils) + nom de la divinité parente, mery(aimé) ou meryt(aimée) + nom du ou des « Beloveds Malgré la détermination de ce lignage ou parenté spirituelle, ceci n'oblige nullement la personne à n'honorer que ses netjerou parents ou «Beloveds » de façon exclusive. Il n'y a pas de règle stricte à ce sujet. Chacun reste libre de cultiver à côté ses liens avec les autres netjerou de la tradition. Les différents niveaux d'adhésion à l'orthodoxie L'orthodoxie khémite possède un système d'engagement dans la foi souple. Les personnes intéressées commencent par suivre les cours débutants ou « beginners classes ». Ces cours sont gratuits et sans aucune obligation d'engagement. Ces cours s'étalent environ sur 11 semaines et présentent aux étudiants ce qu'est l'orthodoxie, ses principes et son fonctionnement de façon globale. Ils ont pour but d'informer correctement les personnes intéressées sur qu'est ou n'est pas l'orthodoxie, afin que les personnes aient toutes les informations utiles pour faire leur choix en connaissance de cause. A la fin des cours, la personne est libre de choisir d'adhérer ou pas, de prendre le temps de réfléchir.etc. Aucune contrainte, ni aucune pression ne sont faites sur les étudiants dans leurs choix.
3. Shemsu-Ankh C'est le niveau final et complet de conversion à l'orthodoxie khémite. Ce niveau fait l'objet d'un rite spécial connu sous le nom de « Weshem-IB » (pesée du cour) et comporte des veoux spécifiques envers l'orthodoxie en tant que communauté et le Nisut. Ce processus ne peut se faire qu'en personne (en réel) et est généralement exécuté lors de la retraite du Wep Renpet (Kemetic Nouvel An) à la fin Juillet / début août. Le shemsu ankh reconnaît le Nisut comme son professeur et leader spirituel, et sert la communauté autant que ses netjerou parents. C'est à partir de ce stade que certains peuvent s'engager dans une formation de prêtrise. En effet, seuls les shemsu-ankh peuvent prétendre à la prêtrise au sein de l'orthodoxie khémite. A partir du stade de shemsu-ankh, la personne décide en dehors de ses voeux personnels de shemsu, de prendre des engagements envers la communauté, ce qui est une toute autre responsabilité. Nisut ou leader spirituel de l'orthodoxie khémiteNisut (prononcé Nisout en français) est l'abréviation de l'expression « Nisut Bity », qui signifie « Celui de l'abeille et du jonc ». Ce terme était utilisé par les anciens égyptiens pour désigner le pharaon. En effet, le mot pharaon n'est pas un mot de la langue égyptienne. Autrefois, il était le chef du pouvoir temporel (chef d'état, roi, militaire.) et du pouvoir spirituel (religion, diriger les rites, temples.). Aujourd'hui, dans l'orthodoxie khémite, ce titre désigne la personne qui est à la tête de la communauté khémite orthodoxe et responsable de celle-ci. Actuellement, c'est Tamara Siuda, la fondatrice, qui est en charge de cette fonction. Elle a pour rôle de faire en sorte que les membres soient spirituellement satisfaits, en répondant à leurs questions et en donnant éventuellement des conseils, si besoin. Elle accomplit les rituels pour les membres de la communauté et organise les diverses activités (séminaires, fêtes, pèlerinage annuel en Egypte). Elle est en charge également de la formation des membres du clergé. Elle agit le plus souvent en qualité de haute-prêtresse et de professeur. Tamara possède une formation en égyptologie (2 Master degree) et quelques expériences dans le domaine spirituelle en tant qu'ancienne prêtresse de la F.O.I (Fellowship of Isis) et Mambo de la tradition Vodou. Aucun culte ne lui est rendu. Elle n'est pas et ne veut pas être considérée comme une divinité. Il n'y a d'ailleurs pas de protocole strict pour lui parler. Les membres ont l'habitude de l'appeler affectueusement « Hemet » (signifie « servante » et se réfère aussi à son rôle de prêtresse "Hemet netjer"), mais ce n'est pas une obligation. Elle propose un enseignement et une façon de vivre la religion de Khemet, mais ne l'impose pas. Un membre peut à tout moment quitter le groupe ou revenir, ne pas suivre son opinion. L'orthodoxie khémite possède également son propre clergé avec divers titres liés à des fonctions, par exemple prêtre Ouab (wa'bpriest), servant du dieu(hem netjer), etc. La communauté organise des évènements en ligne et hors ligne en réel. Il y aurait beaucoup d'autres sujets à aborder, mais cela dépasse le cadre d'un simple article. J'espère que ce dernier vous aura donné un premier panorama satisfaisant. Pour plus d'informations vous trouverez ci-dessous l'adresse de leur site web officiel et de leur forum.
Site officiel : kemet.org Forum de la communauté : netjer.org
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